Hier j’ai croisé Anna
Sur le chemin qui monte.
Son petit pas ferme et léger
Sur les cailloux et les galets.

Hier j’ai croisé Anna
Sur le chemin qui monte
Elle a dit « je vais voir là-haut. »
Anna murmure peu de mots.

Anna, mais qu’est-ce que tu vas voir ?
Tu montes là-haut tous les jours
Anna, restes-tu jusqu’au soir ?
Mon regard roule tout autour.

Anna, qu’est-ce donc qui te pousse ?
Il n’y a pourtant rien là-haut.
Tu vas, parmi les feuilles rousses
Et moi je me sens bien idiot.

Mais l’oiseau a volé tout près
Il m’a soufflé sa vérité
Anna, cela fait des années
Que tu montes par le lacet.

Saint-Joseph et son ermitage
T’attendent au sommet du chemin
Et toi, Anna, malgré ton âge
Tu portes de l’amour dans tes mains.

Ta chapelle commence en bas,
Même si les murs sont des arbres,
Le chemin est autel de marbre,
Tu pries en alignant tes pas.

Et dans ton coeur de Souletine
Où vit toute l’humanité
Pendant ta course tu dessines
Pour elle un rêve de beauté.

Merci, Anna, suis ton chemin,
Garde l’esprit parmi les saints,
Pendant que moi, pauvre pantin,
Je m’agite, toujours, sans fin.